Les bibliothèques d’Amiens Métropôle

JEAN ROUCH L’UN DES PASSEURS DE LA MODERNITÉ

par Catherine Ruelle

On célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance de Jean Rouch. Ingénieur des ponts et chaussées, ethnographe, anthropologue, cinéaste, poète, il nous a laissé un héritage de plus de 180 films, des ouvrages inégalés sur les religions africaines, des photographies, des écrits et même une pièce de théâtre…

Jean Rouch repose depuis 2004 à Niamey, dans ce pays, le Niger, qu’il avait découvert tout jeune et qu’il avait adopté, un petit paradis sur terre comme il aimait à le dire.

À Paris, il était un « maître », une personnalité reconnue de tous, œuvrant sans relâche, au sein du Comité du film ethnographique, du CNRS, de la cinémathèque française, de l’Unesco… Il a renouvelé l’anthropologie visuelle et l’approche documentaire, inventé le cinéma direct, ouvert des voies originales à la fiction, filmant caméra à l’épaule avec une écriture filmique inédite, stimulant la Nouvelle Vague comme l’a écrit Jean-Luc Godard.

En Afrique, Jean Rouch avait trouvé des amis et une vraie liberté il aura été également un des premiers à évoquer les migrations, les villes mondes, les pulsations des indépendances. Provocants, subversifs parfois, beaucoup de ses films furent le fruit d’un travail en commun, élaboré avec sa bande de camarades au Niger, ou en Côte d’Ivoire. Bricoleur de génie, dénicheur de talents, amoureux de l’Afrique et des images, Rouch reste un des grands passeurs de la modernité.

Cette année le 37ème Festival international du film d’Amiens a choisi de lui rendre hommage en partenariat avec le Centenaire Jean Rouch.

Une dizaine des ses longs, moyens et courts métrages seront projetés dans l’auditorium Charles Pinsard de la Bibliothèque Louis Aragon.

 

Films présentés dans le cadre du Centenaire Jean Rouch à la Bibliothèque Louis Aragon d’Amiens

(Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles)

  • – Babatu, les trois conseils (Niger, 1977, 92 min)
  • – La Punition ou les mauvaises rencontres (France, 1962 , 58 min)
  • – Bataille sur le grand fleuve (Niger, 1951, 35 min)
  • – Moro-Naba (Burkina Faso, 1958, 28 min, Burkina Faso)
  • – Les Magiciens de Wanzerbé (Niger, 1949, 33 min)
  • – Damouré parle du sida (Niger, 1992, 24 min)
  • – Yenendi – Les hommes qui font la pluie (Niger, 1950, 29 min)
  • – La Goumbé des jeunes noceurs (de Jean Rouch et Nadine Ballot, Côte d’Ivoire, 1964, 26 min)

 

 

BABATU : LES TROIS CONSEILS

Niger – 1977 – 92 min
Auteurs/Scénaristes :  HAMA Boubou Hama, Lam Ibrahima Dia, MOUZOURANA Tallou Mouzourana, Dauda Diarra, Djingarey Dyama, Maryama Lompo, Baba Nore, Illo Gadouel, Dyeliba Badaye, Abdu Nani, Moussa Illo,  Damouré Zomo
Avec :  Zika Damouré

Au milieu du XIXe siècle, des cavaliers songhay se mirent au service des Dagomba du Nord du Ghana, en lutte contre le royaume ashanti de Kumasi. La guerre terminée, les cavaliers restèrent dans le pays et conduits par des chefs légendaires – Alpha Bano, Gazari, Babatu – ils devinrent maîtres du pays gurunsi. Ainsi, comme faisaient jusqu’à la conquête coloniale les jeunes aventureux songhay, Lam et Damouré partent « chez Babatu » en quête d’aventures.

  • Lundi 13 novembre – 14h00
  • Mercredi 15 novembre – 11h00

 

BATAILLE SUR LE GRAND FLEUVE

Niger – 1951 – 35 min

Sur un commentaire de Jean Rouch, récit de la bataille épique que livrent les pêcheurs Sorko aux hippopotames du fleuve Niger, chaque année de février à avril. Les pêcheurs construisent une grande pirogue en planches cousues. Avant le départ, une cérémonie a lieu : une femme possédée par le génie du fleuve danse et les pêcheurs se lavent avec de l’eau magique pour avoir du courage. Au cours de la saison de chasse, une femelle hippopotame de deux tonnes est tuée puis un jeune est capturé vivant. Un vieil hippopotame parvient à briser la grande pirogue et à s’échapper. Au retour les pêcheurs ont retourné leurs vêtements à l’envers en signe de défaite : ils ont perdus la bataille sur le grand fleuve.

Le film met en scène certains rapports entre l’homme et l’animal conformément à ce qu’un ethnographe peut appréhender sur le terrain africain dans les années cinquante.

  • Lundi 13 novembre – 16h
  • Mercredi 15 novembre – 14h30
  • Jeudi 16 novembre – 11h

 

DAMOURÉ PARLE DU SIDA

Niger – 1992 – 24 min
Avec :  Zika Damouré, Tallou Mouzourane, Lam Ibrahima Dia

Lam Ibrahima Dia et Tallou Mousourane viennent consulter Zika Damouré dans son cabinet médical à Niamey. Ils veulent avoir de plus amples informations sur le sida. Damouré leur explique le mode de transmission de la maladie et leur conseille de se protéger lors de leurs rapports sexuels avec des partenaires occasionnels. Il leur fait une démonstration du maniement du préservatif. Il leur préconise également, à cause de la transmission par le sang, d’être vigilant sur la stérilisation du rasoir à main chez le barbier et des seringues au dispensaire. Pour finir, il les encourage à ne pas rejeter les gens contaminés qu’ils côtoient. Pour Zika Damouré, le sida, « maladie de l’amour ne peut être guéri que par l’amour ».

  • Mercredi 15 novembre – 14h00
  • Jeudi 16 novembre – 14h

 

LES MAGICIENS DE WANZERBÉ

Niger – 1949 – 33 min

A Wanzerbé, au coeur du pays Songhay au Niger, arrivent des caravanes de marchands touareg et bella. Sur le marché s’échangent produits alimentaires, poteries, sel, coton, troupeaux… Un magicien Mossi, prépare dans sa case, à partir de mil et d’écorce d’arbre qu’il est allé chercher en brousse, un charme magique pour faire engraisser les femmes trop maigres. Il pratique une divination avec des cauries et le tracé sur la terre d’un thème géomantique. Il sacrifie des animaux au génie qui le guide. Au cours d’une cérémonie collective pour protéger le village du mal, un magicien représentant toute la communauté des magiciens danse sur le rythme des tambours, jusqu’à l’extase. Le chef du village, les magiciens et les jeunes garçons participent au sacrifice offert tous les ans au génie de la montagne protectrice du village.

  • Lundi 13 novembre – 17h00
  • Mardi 14 novembre – 12h00

 

MORO-NABA

Burkina Faso – 1958 – 28 min

Le chef traditionnel des Mossi de la région de Ouagadougou, le Moro-Naba, est mort. Pendant les treize jours que dure la cérémonie funéraire, sa fille aînée, vêtue des habits de son père, reçoit les ministres et les notables. Sacrifices, offrandes, salves des fusiliers et musique des tambourinaires sont autant d’hommages rendus au défunt roi par ses chefs, son peuple et les délégations étrangères. À Larallé, les notables élisent le nouveau chef qui se présentera aux membres du gouvernement. De retour à Ouagadougou, il recevra l’initiation secrète et, vêtu de son costume d’apparat, prendra place sur un fauteuil au-dessus de la pierre du couronnement pour suivre les festivités de son intronisation.

  • Lundi 13 novembre – 16h30
  • Mercredi 15 novembre – 15h30
  • Jeudi 16 novembre – 11h45

 

LA PUNITION OU LES MAUVAISES RENCONTRES

France – 1962 – 58 min
Auteurs/Scénaristes :  Jean Rouch
Avec : Nadine Ballot, Jean-Claude Darnal, Modeste Landry, Jean-Marie Simon

« Au départ, qu’est-ce que la Punition ? Un jeu. Un jeu de société. On suppose qu’une jeune Parisienne de dix-huit ans se trouve soudainement libre pour une journée entière. Trois personnes, dont deux qu’elle n’a jamais vues, l’aborderont en un lieu public, à une heure convenue. Leurs propos seront libres, mais une caméra légère, particulièrement mobile enregistrera ces rencontres, retiendra la façon dont cette jeune fille aura retrouvé un ami ou découvert des inconnus, qui progressivement, auront cessé de lui être des inconnus. Elle est jeune, elle est belle. Ses partenaires appartiennent à des âges et des milieux différents. La tentation du flirt sera toujours présente dans le débat, comme une règle du jeu, et i sera d’autant plus tentant de pousser dans cette voie qu’il s’agit d’un chemin sans issue, que ces personnages ne seront jamais tout à fait des personnages, que le jeu aura nécessairement une fin, que l’hypothèse d’une véritable aventure se trouve exclue d’entrée de jeu ».

  • Mardi 14 novembre – 11h00
  • Mercredi 15 novembre – 17h00

 

YENENDI – LES HOMMES QUI FONT LA PLUIE 

Niger – 1950 – 29 min

Cérémonie rituelle du Yenendi, la fête de la pluie, chez les Songhai du village de Simiri, au Niger. A l’appel des batteurs de calebasses et du violon, les danses de possession commencent. Un à un les génies enfourchent leurs chevaux : Moussa, génie du vent, Niaberi, déesse de la terre, Sadyara, l’arc-en-ciel, Tyirey, maître de l’éclair, Hausakoy maître du feu du ciel et Dongo, maître du tonnerre et de la pluie. Puis les prêtres et les fidèles vont consulter le hampi, vase rituel rempli d’eau et de grains de mil, qui représente le ciel du prochain hivernage posé sur la terre. Au cours d’une nouvelle possession, Dongo renverse le vase du ciel : les pluies de l’année tombent sur la terre de Simiri. D’après le dessin des filets d’eau et la répartition des grains, les hommes savent si la saison sera bonne et les récoltes abondantes.

  • Mercredi 15 novembre – 16h30
  • Jeudi 16 novembre – 14h30

 


 

Hommage à Ousmane Sow

À LA BIBLIOTHÈQUE LOUIS ARAGON D’AMIENS

(Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles)

  • Ousmane Sow de Béatrice Soulé (Sénégal, 1996, 26 min)
  • Ousmane Sow, le soleil en face de Béatrice Soulé (Sénégal, 2000, 55 min)
  • Le Jardin des corps – Mémoire Noire de Raymond Rajaonarivelo (Madagascar, 1994, 9 min)

 

LE JARDIN DES CORPS – MEMOIRE NOIRE

de Raymond Rajaonarivelo
1994 – 9 min

Il était une fois un matin, un midi, un soir et une nuit où les ombres inséparables de l’homme nous racontaient la mémoire… Entretien avec Ousmane Sow, sculpteur de vie, pour le premier volet d’une série intitulée Mémoire Noire.

 

OUSMANE SOW

de Béatrice Soulé
Sénégal – 1996 – 26 min

Béatrice Soulé écrit une lettre à Ousmane Sow qui lui répond, sans répondre vraiment. Comme une voix intérieure, un chorus à deux voix, un balancement intime. De cette intimité, de cette confiance partagée, nait alors la magie : celle de pouvoir suivre l’artiste dans sa création la plus secrète. Ce film est une histoire d’amour entre un homme et sa sculpture, entre un homme et une femme, entre un homme et une humanité.

 

OUSMANE SOW, LE SOLEIL EN FACE

de Béatrice Soulé
Sénégal – 2000 – 55 min

Témoignant du succès public de l’exposition consacrée au sculpteur africain Ousmane Sow sur le Pont des Arts en 1999, ce documentaire dévoile la genèse de La Bataille de « Little Big Horn », principale oeuvre exposée. De très belles images des statues permettent d’approcher le travail de création. Un commentaire très personnel, reflet de l’intimité de la réalisatrice avec l’artiste et de son admiration pour son oeuvre, apporte les clés nécessaires pour mieux appréhender cet événement de la vie culturelle parisienne.

Prix du meilleur documentaire au Festival International du Film de Montréal (FIFA 2001) Musique originale de Mino Cinelu.

  • Mardi 14 novembre – 16h30
  • Vendredi 17 novembre – 11h00