DE Dominique Cabrera — France

Le regard attentif et chaleureux de la cinéaste permet de rétablir une vérité historique oubliée et combat les clichés rebattus. · The attentive and warm gaze of the filmmaker makes it possible to restore a forgotten historical truth and does justice to hackneyed clichés.

Chronique d’une banlieue ordinaire L’histoire

Le 26 septembre 1992, quatre tours du quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie ont été détruites. Quelques mois auparavant, Dominique Cabrera avait proposé à plusieurs des anciens habitants de ces tours de revenir sur leurs pas : ils racontent et se racontent… À travers leurs récits, c’est toute la vie d’une H.L.M. qui resurgit et non point violente et misérabiliste comme les reportages d’actualité se plaisent à la décrire mais au contraire conviviale et pour tout dire heureuse. En effet, pour ces familles modestes l’obtention d’un logement “moderne” représentait un progrès social important, un bonheur savouré.

On September 26, 1992, four towers in the Val Fourré district of Mantes-la-Jolie were destroyed. A few months earlier, Dominique Cabrera had suggested to several of the former inhabitants of these towers to retrace their steps: they tell stories and tell each other… Through their stories, it is the whole life of an H.L.M. which reappears and not violent and miserable as the news reports like to describe it but on the contrary convivial and to be honest happy. Indeed, for these modest families, obtaining “modern” housing represented significant social progress, a savored happiness.

L’avis du festival

La banlieue, les tours, un paysage urbain que Dominique Cabrera connaît bien, elle qui a vécu dans son enfance en HLM en Normandie; un paysage de la périphérie urbaine qui, après avoir été synonyme de confort et de modernité (comme le souligne le reportage télévisuel des années 60 inséré dans le film) porte, 30 ans après, les stigmates de la délinquance et de la violence urbaine. Aussi n'a-t-on rien trouvé de mieux que d'araser ces grands ensembles comme si, en les détruisant, on faisait disparaître les problèmes, superposant, à une violence sociale, une violence institutionnelle car il n'est pas anodin de voir pulvériser le lieu de son passé. Les anciens habitants assistent, impuissants, à l'implosion d'un monde qui fut le leur. Ainsi de la Tour Bleue à Étouvie ou des tours du Val Fourré à Mantes la Jolie. C'est la fin de ces dernières que Dominique Cabrera a souhaité filmer en privilégiant la dimension humaine, en cultivant une certaine proximité avec les habitants venus évoquer leurs souvenirs, souvenirs parfois si proches des siens, le temps d'un retour, forcément éphémère, dans leur tour; souvenirs chaleureux d'une communauté composée de familles, de voisins, d'amis qui partageaient le rêve d'un «bonheur collectif», les moment festifs, les jeux, la complicité des enfants ou des ados, la découverte d'un confort nouveau vanté dans des reportages télévisés, et même la beauté des paysages environnants, ceux- là même qui émerveillaient Dominique Cabrera dans l'appartement de ses parents, elle qui, depuis toujours, traque la beauté pour la révéler à tous: beauté des scènes du quotidien mais aussi beauté des êtres. Au gré des déambulations au travers des étages, pourra se révéler, au travers d'une séquence dédiée, la beauté de chacun, de chacune (ainsi des trois amies se retrouvant dans la tour désertée et désaffectée, sans eau ni électricité, pour une dînette improvisée à la lueur d'une lampe butane). Pendant cette évocation nostalgique d'un temps qui fut et qui n'est plus, le temps de l'utopie sociale, la Cité s'embrase: c'est que elle se trouve en « Zone urbaine sensible », nous sommes en 1992, en réponse à la mort d'un jeune, une policière est tuée, c'est le début d'une escalade qu'on ne perçoit pas dans le film car Dominique Cabrera fait le choix de l'apaisement. Bien sûr si on replace dans le contexte social de l'époque, il est permis de voir dans les images plus que ce qui y est montré: des jeunes réunis, un coucher de soleil du haut d'une tour, la flamboyance du ciel euphémisant alors d'autres feux, là-bas, en bas. Ce toit peut être alors vu comme un refuge, un ailleurs, un espoir...

Anne-Marie Poucet, vice-président des Journées Cinématographiques d'Amiens

La durée

55‘
Documentaire
Long métrage
Tous publics / U - Universal / G
France · 1992 · Couleur

Scénario Dominique Cabrera

Les projections
Les projections (édition en cours)
42
16 November 2022

19:15 > 20:25
Friday11

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