Dounia et la princesse d’Alep 73'

Alep était il y a peu la ville la plus peuplée de Syrie (et de tout le Levant). C’est une des plus anciennes zones habitées au monde et son positionnement géographique en a toujours fait un carrefour où se mélangent les peuples et les religions. Marya Zarif rend hommage à cette mixité et à la culture proche-orientale en distillant de nombreux clins d’œil très symboliques et en ne traduisant délibérément pas certains mots ou expressions en langue arabe. Cela lui permet de mettre en valeur l’aspect intrinsèquement poétique et métaphorique de cette dernière : Dounia (le monde) est ainsi la fille de Leyla (la nuit) et de Nour (la lumière) et elle parvient à s’extirper des pires situations à l’aide de graines de nigelle, appelées en arabe habbet el baraké (graines de bénédiction)... Malgré l’absence prématurée de ses parents, Dounia coule des jours plutôt heureux avec son grand-père, passionné de musique résolument optimiste, et sa grand-mère, généreuse et pleine de sagesse. Tandis que la guerre s’immisce progressivement dans leur quotidien, l'autrice prend le temps de nous faire découvrir leur vie alépine, avant qu’ils ne se retrouvent contraints de rejoindre le cortège des migrants en quête d’une nouvelle terre d’accueil, accompagnés de personnages de tous horizons. Grâce notamment à des visuels somptueux, Zarif et André Kadi (co-réalisateur) parviennent à infuser de l’enchantement et de la magie dans leur film sans jamais occulter la gravité du sujet abordé et la tragédie que représente une expatriation forcée.