Mami Wata 104'

Dès le premier épisode, c’est dit, non sans humour : ici on n’est pas dans une série américaine ! La disparition d’un petit garçon, du fantastique, des frissons… On pourrait pourtant se croire dans Strangers Things. Sauf qu’ici, l’action se déroule au Gabon et ce n’est pas la science qui est source de mystère et de monstruosité mais l’animisme. La réalisatrice Samantha Biffot, franco-gabonaise, s’est inspirée de la figure légendaire panafricaine Mami Wata du culte vaudou pour cette histoire. Elle a puisé dans différentes versions du mythe, du Gabon au Bénin, pioché parmi les différentes caractéristiques dont la revêtent les visions diverses pour créer la déesse de l’eau qui hante sa série. Elle qui se dit passionnée de cinéma de genre, nous reconnaissons bien ce goût en nous laissant emporter dans ces premiers épisodes. Tour à tour film d’horreur, film fantastique ou polar, Samantha Biffot nous entraîne partout avec brio. Pas étonnant de la part de cette jeune femme touche-à-tout qui a monté une société de production (Princess M Productions) avec Pierre-Adrien Ceccaldi à Libreville (qui a co-produit la série avec Canal + Afrique), a eu le prix au Fespaco de la meilleure série en 2013 pour L’œil de la Cité, réalisé le documentaire L’Africain qui voulait voler et créée le Festival International des Courts d’Écoles en 2011 à Libreville. Que ce soit en réalisation, production ou diffusion, elle a décidé de retourner au Gabon pour valoriser ce pays où le cinéma peine à exister et c’est naturellement qu’elle l’a choisi comme cœur de cette série et c’est à des acteur.ice.s du pays qu’elle a fait appel. C’est dans une lagune tortueuse, à la lumière si particulière que s’enfonce Oliwina, héroïne forte mais au lourd secret. Si Samantha Biffot a un sens du récit et de la mise en scène qui nous laissent haletants et happés, elle n’oublie pas de nouer à son histoire une réflexion sur la corruption et de livrer le regard d’une jeunesse sur son pays.