Nous, étudiants ! 82'

Nous avons découvert Rafiki Fariala grâce à son premier court-métrage réalisé dans le cadre des Ateliers Varan à Bangui, Mbi Na Mo (Toi et moi) en 2017 où il suivait le quotidien d’un jeune couple attendant un enfant, rythmé par l’amour et la précarité. Filmant au plus près, plongeant dans leur intime entre tendresse et taquineries, avec un grand sens de la mise en scène, ce jeune centre-africain d’origine congolaise se révélait un véritable cinéaste en devenir. Son premier long-métrage Nous, étudiants ! nous confirme le regard et le talent présents dans ce premier élan. Co-produit par le grand Dieudo Hamadi, propulsé tout de suite à la Berlinale, Rafiki Fariala est une belle promesse pour le cinéma centre-africain qui se fait rare. Là encore, il filme au plus près de celleux qui l’entoure, il se penche sur un quotidien, celui des étudiant.e.s de son âge. A la fois un geste politique, qui dénonce la corruption de la société centrafricaine, qui vient résonner dans les amphis et ronge l’université, et témoigne de la résistance de cette jeunesse qui tente de garder espoir malgré les moments d’abattement. Mais surtout un geste de cinéma puissant, tourné seul, dans l’urgence de montrer et de changer les choses par la caméra. Rafiki Fariala filme ses amis et les met en scène, au point où Nestor l’interpelle sur sa place auprès de lui, dans sa vie et le film : est-il son ami ou son personnage, nourrit-il le lien entre eux pour leur amitié ou pour son film? L’acte de filmer est toujours questionné, assumé et la fiction est sans cesse convoquée dans le réel. Le réalisateur a écrit ses scènes avant le tournage et a dirigé complètement certaines séquences impossibles à capter sur le vif. Le souffle narratif est servi, soutenu par les chants interprétés par le cinéaste aux multiples casquettes, qui apportent aux films une couleur, une émotion. Cette hybridité déjà présente dans son court-métrage, qui fait la force et l’originalité du regard de Rafiki Fariala, et se retrouve dans son prochain projet, celui de raconter sa vie mais sous forme de fiction. L’idée de voir ce cinéaste plein de promesses emprunter entièrement la voie de la fiction ne peut qu’être une perspective enthousiasmante. Gardons bien les yeux rivés sur son œuvre à venir!